La procrastination est l’art de repousser au lendemain ce qui peut ou devrait être fait aujourd’hui. Si on peut le faire maintenant alors pourquoi repousser ? Si on doit le faire alors pourquoi mettre en péril notre lendemain ? Ça peut être un état d’esprit, une ligne de conduite, une peur de faire ou une envie de déléguer (le faire faire par quelqu’un d’autre);
Notre vie est ponctuée d’obligations avec des dates limites: déclarer ses impôts, les payer, régler les factures, les services (nourrice, ménage, travaux), le syndic de copropriété… Des établissements financiers se prémunissent des retards en forçant aux prélèvements automatiques mais tout ce qui est déclaratif échappe à ces outils de contraintes. Nous sommes donc souvent enclins à attendre le dernier moment pour effectuer ces tâches, soit par négligence, soit parce qu’elles nous rebutent.
Tous les propriétaires sont soumis à une déclaration d’état d’occupation de leurs biens immobiliers
Cette déclaration était ouverte le 1er janvier 2023 et devait clore le 30 juin. Six mois pour dire où on habite (résidence principale) et qu’est-ce qu’on fait de nos résidences secondaires ou locatives, c’est pas la mer à boire tout de même. Il est important de rappeler que cette déclaration permet, entre autre, d’appliquer la taxe d’habitation à tout logement qui n’est la résidence principale de personne (location saisonnière, chambre meublée, résidence secondaire). Cette taxe d’habitation supprimée pour la résidence principale par le pouvoir actuel est un gros manque à gagner pour les collectivités locales, même si ce manque a été [partiellement] compensé.
Déjà le délai avait été reculé de fin juin à fin juillet. En fait il
semblerait qu’un tiers des déclarations m’aient pas encore été faites.
Et là, fin juillet, on s’aperçoit que les serveurs et centres d’appels
des impôts sont saturés, on donne donc 24 heures supplémentaires aux
retardataires. Mais quelles est la motivation de ces retardataires
?
* Soit ils essayent d’échapper au fisc en omettant de déclarer leurs
résidences secondaires.
* Soit ils pensent que de toutes les façons, puisque ce n’est pas
associé à une taxe car ils n’auront rien à payer, ils ne vont pas
s’embêter à déclarer
* Soit ils savaient, reportaient au lendemain, avaient oublié et
s’affolent au dernier moment.
* Et enfin, peut-être espéraient-ils que cette nouvelle déclaration soit
abandonnée sous les tollés qu’elle aurait pu susciter.
Plutôt que de rappeler aux retardataires qu’ils n’ont plus que quelques semaines / jours pour déclarer (rôle d’information, de prévention), les médias jouent les gros titres en disant
Bug Déclaration des biens immobiliers : le délai repoussé de 24 heures après la saturation des serveurs
Mais faut-il rappeler (encore et encore) que le bug ne vient pas de l’administration fiscale, que d’ailleurs ce n’est pas un bug au sens anomalie mais plutôt une saturation, et que cet état de fait vient des administrés eux-mêmes qui se précipitent sous la contrainte du délai pour ensuite avoir la bonne excuse en disant:
"Ah le serveur ne répondait pas, la hotline était saturée, mon internet fonctionnait mal, je ne pouvais pas me connecter d'où j'étais".
Si cette déclaration avait été contraignante et sujette à pénalités de retard, ou au contraire si ces déclarations avaient donné lieu à une ristourne sur la taxe foncière, il est certain que les français se seraient empressés de remplir leur devoir de citoyen