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Deux analyses opposées, les deux mêmes erreurs

Annecy
Un homme a tenté de tuer aveuglément des enfants présents dans un parc d’Annecy; les médias nationaux et toute la France s’en sont émus.

Les faits

En résumé, un homme d’origine syrienne était SDF à Annecy depuis 8 mois après avoir été réfugié politique en Suède où il a femme et enfant. Sous des prétextes religieux catholiques, il a poignardé 4 enfants et 2 adultes avant d’être maîtrisé. Son acte aurait été déclenché par le refus des autorités françaises de lui donner le droit d’asile alors qu’il est déjà enregistré en Suède.

La meute de droite

Bien sûr l’affaire a été récupérée; les sites xénophobes ont tout de suite hurlé au scandale et attribué la faute au laxisme gouvernemental qui permet à des sujets violents de semer la terreur dans nos villes et nos villages. Ces immigrés seraient incontrôlés, incontrôlables et n’auraient par leur place parmi nous. L’article de Mediapart a fait sortir les “loups gris” du bois sur tweeter.

Les bien-pensants de gauche ne sont pas en reste

À l’opposé, certains attribuent la faute à notre gouvernement pas assez vigilent sur les dérives comportementales et psychiatriques des gens livrés à eux-mêmes, livrés à la rue. Un manque de suivi, d’accompagnement, de soins serait à l’origine de ce drame. Certains se ruent sur le gouvernement en lui imputant la cause du drame par manque de détection et de suivi. Même si l’article sur lequel ils s’appuient ne révèle aucune anomalie de suivi des autorités, la phrase qu’il retient est

« Selon la mère du suspect, interrogée par l’AFP, l’homme souffrait d’une “grave dépression” et ces refus [de demande d’asile] ont aggravé son état. »

Que peut-on en déduire

  1. L’homme était syrien, réfugié politique. Il n’était pas en situation irrégulière, ni en Suède où il a obtenu ce statut, ni en France où il peut circuler librement dans les pays de l’espace Schengen.
  2. La convention relative aux droits des réfugiés est décrite dans la convention de Genève de 1951.
  3. L’homme, même syrien, était chrétien; et si ses revendications pouvaient être religieuses, l’Islam et ses intégristes n’ont rien à faire dans ce cas. Rappelons que le moyen-orient a un forte minorité catholique héritée des croisades.
  4. L’homme avait femme et enfant en Suède où il y a habité 10 ans.
  5. Son entourage connaissait son état dépressif (femme, parents) mais je ne suis pas sûr qu’il ait été soigné pour cela ni même qu’ils aient alerté sur sa dangerosité (si ils la soupçonnaient).
  6. Il est arrivé en France et a fait des demandes d’asiles irrecevables puisque déjà acceptées par la Suède.
  7. Il était SDF mais n’a jamais demandé un soutien psychique, ni lui, ni son entourage, ni son pays de refuge (la Suède).

Donc, hurler contre la politique migratoire alors que l’homme est un réfugié politique accueilli légalement, et imputer ce drame aux autorités d’un pays qui n’est que la fin de parcours d’un homme désorienté, c’est dans les deux cas imputer la faute à ceux dont on veut la peau sans même analyser les vraies causes, sans même se dire que si ce coup-ci c’était un réfugié, ça aurait pu être un citoyen français, suédois, ou tout autre individu qui avait sa place dans notre pays.

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