Le blogueur SebSauvage commente encore l’actualité et je me permets de ne pas être d’accord avec lui. En deux mots, un décret transforme l’abandon de poste d’un salarié en démission de fait; dont acte. Mais quelles en sont les conséquences ?
Dans le cadre d’un abandon de poste, l’employeur peut licencier
l’employé. Avant c’était pour faute grave, mais l’employé conservait ses
droits aux allocations chômage. (source).
Que l’abandon de poste soit du seul fait de l’employé, qu’il soit
arrangé avec l’employeur, les droits sont toujours conservés.
J’ai connu des fins de carrière où les coûts d’une rupture
conventionnelle étaient trop importants pour que l’entreprise accepte,
un abandon de poste était alors mis au point entre les deux
parties.
Mais si aujourd’hui un abandon de poste était transformé en démission,
le salarié n’aurait plus aucun droit aux allocations chômage; la
différence est énorme.
Il faut se demander “qui payait” l’arrangement de la précédente
situation? Il n’y a aucun doute, les payeurs étaient les salariés qui
restaient actifs, car les employés et leurs employeurs cotisent pour
assurer l’équilibre des caisses chômage, et si l’employeur avait monté
un arrangement (pour diminuer ses coûts par exemple), seuls les employés
étaient lésés.
De ce fait, quand je lis dans le post de SebSauvage que c’est
une nouvelle arme contre les travailleurs
là je ne comprends pas.
D’ailleurs la rupture conventionnelle est aussi pour moi un abus où
l’employé part avec l’assurance du chômage, l’employeur diminue ses
coûts, et seuls les actifs restant continuent à maintenir les caisses
d’allocation chômage à flot; car quelle est la proportion de ruptures
conventionnelles qui sont suivies ensuite par un vrai emploi ? Très
peu.
Donc les
esprits révoltés imputent tous les avantages de ce décret au seuls
employeurs car c’est bien connu, ce sont eux qui poussent les employés à
abandonner leur poste, soit par la contrainte, soit par la pression,
soit par le harcèlement ou la surcharge de travail.
Mais quid des profiteurs qui abusent des conditions de pôle emploi en
cumulant les CDD jusqu’à obtenir assez de droits pour prétendre à une
allocation ? Quid des artisans, commerçants qui, le matin, constatent
l’absence d’un employé qui ne veut plus venir sans qu’ils aient pris le
soin (ou aient eu la politesse) de prévenir ? Et quid de l’influence sur
les contrats non honorés, les clients qui subissent les retards, et les
patrons qui doivent prendre sur eux-mêmes pour remplacer au pied levé
ces absences non justifiées ?
Certains pensent déjà que ces abandons de poste seront remplacés par
d’autres artifices comme les arrêts maladie à répétition, mais là il y a
fraude délibérée de l’employé ou de son médecin; et c’est donc
doublement répréhensible.